Hugues Corriveau

Hugues Corriveau

Arret10 HuguesCorriveauHugues Corriveau est un poète, essayiste, nouvelliste et romancier québécois né en 1948 à Sorel. Docteur en études françaises, il est associé à l’avant-garde formaliste des années 1970-1980 et au rajeunissement de la nouvelle. En plus d’une œuvre comptant une vingtaine de titres, Corriveau collabore régulièrement à plusieurs revues dont La Nouvelle Barre du jour, Ellipse, Mœbius, Études littéraires, XYZ et Spirale. Il est également critique de poésie pour la revue Lettres québécoises et collabore régulièrement au Devoir.  Maintes fois mis en nomination pour le Prix de poésie du Gouverneur général du Canada, Corriveau a vu son œuvre couronnée de plusieurs prix au fil des ans, dont le Prix Alfred-DesRochers, pour son roman La Maison rouge du bord de mer, le Grand Prix littéraire de la ville de Sherbrooke, qu’il a remporté à trois reprises – une fois pour son recueil de nouvelles intitulé Courants dangereux, une autre fois pour son ouvrage intitulé Parc univers et une dernière fois pour Paroles pour un voyageur –, le prix Alain-Grandbois, pour son recueil de poésie Le livre du frère, et le Prix Adrienne-Choquette pour son recueil de nouvelles Autour des gares.

Dans ce recueil, Corriveau cite une phrase extraite d’À la recherche du temps perdu, de Marcel Proust, dans chacune des cent courtes nouvelles écrites «autour du thème général du train»12. À l’aide d’une écriture ficelée et juste, il transporte ainsi le lecteur sur des quais de gares, dans des wagons, dans des halls et dans une multitude d’endroits se situant près d’un chemin de fer.

C’est dans ce contexte et cette atmosphère qu’il écrira un rare texte portant sur sa ville natale. Ce texte, intitulé Afin de quitter la ville, dépeint une ville laide où les habitants pensent faux, jugent haut et cultivent « une haine sourde à l’égard de tout et de rien pour le seul plaisir du mal13». Cette ville, le narrateur de la nouvelle la déteste avec une hargne qui «jamais ne se [démentira]»14. Elle étouffe ses habitants. Elle est source d’une angoisse sans borne. C’est une ville qu’il faut fuir, dont il faut s’évader. C’est ainsi que Corriveau écrit que «le train fut pour [son narrateur] plus qu’un train, il fut le seul signe vivant qu’on pouvait sortir de cet endroit, qu’on pouvait s’échapper15». Dans la nouvelle, toutefois, malgré son désespoir, le narrateur ne parvient pas à quitter «cet air confiné qui [l’a vu] naître16», un bris mécanique empêchant le départ du train. La ville le nargue, l’avale de nouveau…

Cette gare, qui est au cœur de la nouvelle, est celle située au 191 de la rue du Roi. C’est cette même gare qui, après avoir accueilli des trains, est devenue, pendant quelques années, le terminus d’autobus où arrive le protagoniste du Joueur de triangle, de Nicolas Gilbert. Aujourd'hui, on trouve dans cet édifice Le Marché urbain Pierre-de-Saurel et Les Ateliers Je suis capable.

ENTREVUE AVEC Hugues Corriveau